Moscou - Prague - Toulouse en Volga GAZ 24 1973

Cela faisait déjà un certain temps que le projet était dans l'air, mais bon, de là à le réaliser...

Pour planter le décor : le Tchouk était marié à une charmante femme russe prénommée Natasha. Sa famille habite le petit village de... Moscou. La voiture de Joli Papa est une magnifique Volga GAZ 24 de 1973: l'une des premières avec la nouvelle carrosserie inspirée des voitures américaines du milieu des années soixante.

Joli Papa envisageait d'acheter une nouvelle voiture et de donner la Volga à sa fille chérie et son fou de gendre... mais le destin en a voulu autrement : en avril 2005, il décède prématurément.

Pour Natasha, pas question de laisser disparaître cette voiture qui fût l'unique voiture de son père mais surtout qui a été achetée à quelques jours de sa naissance! Son retour de la maternité aura été l'un des tous premiers voyages de la Volga...

La voiture a été maintenue dans un état rare. Jamais de sortie en hivers dans la neige, la sellerie a toujours été sous housses...

Depuis son premier voyage en Russie, en 1991, le Tchouk n'a jamais vu une Volga de cette époque dans un aussi bel état.

La décision est donc rapidement prise: Natasha va demander la voiture en héritage pour la rapatrier à Toulouse... Simple non?

Fiche descriptive de la Volga GAZ 24

La Volga GAZ 24 a été présentée en 1970 afin de succéder à la jolie Volga GAZ 21 (à gauche) qui remontait à 1956. Sans être un modèle luxueux (les membres du parti roulaient plutôt en ZIM ou en Tchaïka, sans parler des luxueuses ZIS et ZIL), la Volga est une vaste berline familiale, propulsée par un gros 4 cylindres de 2,4 litres. Pas de grande avancée technologique mais une conception robuste à l'extrême. La voiture est prévue pour être utilisée dans n'importe quelles conditions: grand froid ou grand chaud. L'empire soviétique est vaste et la Volga doit s'adapter partout.

La vaste carrosserie autoporteuse peut accueillir aisément 6 personnes.

Pour certaines utilisations (en particulier les taxis) pour lesquels les performances importent peu, une version GAZ 24-01 sera développée avec un taux de compression réduit pouvant accepter un carburant de faible qualité.

Une version break sera également proposée (GAZ 24-02) ainsi que de multiples variantes (ambulance, etc...)

Longueur 4,735 m (berline)
Largeur 1,800 m
Empattement 2,800 m
Voie avant 1,476 m
Voie arrière 1,420 m
Hauteur 1,490 m
Masse à vide 1420 kg
Garde au sol 18 cm
Nombre de cylindres 4
Cylindrée 2,445 cm3 (92x92 mm)
Puissance 98 HP à 4500 tr/min (85 HP pour la GAZ 24-01)
Carburant Essence, indice d'octane 92 (76 pour la GAZ 24-01)
Taux de compression 9,2:1 (6,7:1 pour la GAZ 24-01)
Vitesse maximale 145 km/h (135 km/h pour la GAZ 24-01)
Freins Tambours à commande hydraulique assistée sur les 4 roues
Boite de vitesses 4 vitesses toutes synchronisées
Embrayage A disque unique à sec et commande hydraulique
Transmission Aux roues arrières par pont hypoïde
Suspension avant Roues indépendantes et ressors hélicoïdaux
Suspension arrière Essieu rigide et ressors semi elliptiques
Amortisseurs Quatre amortisseurs hydrauliques télescopiques
Pneumatiques 7,35 x 14

Avec le temps, la Volga va évoluer avec toujours plus de plastique à l'intérieur comme à l'extérieur. L'évolution la plus visible sera le remplacement de la belle calandre chromée par une horreur en plastique noir en 1985 sur la GAZ 24-10, ou le remplacement des fines poignées de portes par de grosses palettes encastrées. A l'intérieur aussi le sobre tableau de bord va se charger d'un envahissant plastique noir (à droite).

La Volga GAZ 24 sera en production jusqu'en 1992. Mais les modèles qui lui ont succédé en dérivent en droite ligne. La partie centrale de la carrosserie est d'ailleurs quasiment inchangée sur l'actuelle Volga GAZ 31105 (à gauche).

La GAZ 24 de Joli Papa est du premier modèle mais elle a été modifiée par l'adaptation d'une culasse de GAZ 24-01 acceptant du carburant à faible indice d'octane. Elle n'a jamais connu un indice d'octane supérieur à 80...

Préparation administrative du rapatriement

Avant même de partir, les difficultés administratives s'annoncent ardues. Tout d'abord, il faut s'assure de pouvoir immatriculer la voiture en France. Après avoir pris contact avec la FFVE, tout semble simple : une fois dédouanée et avec les titres de propriété qui vont bien (avec une traduction française officielle), rien ne devrait s'opposer à une carte grise de collection.

Contact est donc pris avec les douanes. Le cas n'est pas usuel mais la réponse arrive assez rapidement : dans la mesure où la voiture fait partie d'un héritage il n'y a pas de droit de douane à payer. Le dédouanement s'effectue à partir de l'acte de succession (traduit en français).

Reste la partie russe !!! Depuis la France Natasha passe quelques coups de fils aux administrations compétentes (?)

En Russie, les plaques d'immatriculation sont fournies par l'administration du lieu de résidence du propriétaire. Lors d'un changement de propriétaire, les anciennes plaques sont donc restituées. Il faudra voir une fois sur place comment faire!

Le 10 juillet, Natasha arrive donc à Moscou. Rapidement elle se rend auprès du notaire afin de finaliser la succession. Ensuite elle va au ГАИ (GAÏ), l'organisme qui gère (entre autre) les immatriculations. Dans notre cas la nouvelle propriétaire ne réside pas à Moscou... impossible donc de lui délivrer un nouveau numéro avec les documents associés puisque c'est l'administration du lieu de résidence qui délivre les plaques. Il sera peut-être possible d'obtenir un numéro de transit...

Après d'innombrables allers-et-retours à travers Moscou, le numéro de transit et les documents au nom de Natasha sont délivrés. Par la même occasion, les plaques étant anciennes et le "passeport" de la voiture étant un très beau document, Natasha les a déclarés perdus afin de ne pas devoir les restituer. Ce détail aura son importance par la suite...

Les nouvelles plaques ne sont qu'une feuille de papier A4 avec le numéro, à coller sur le pare-brise et la lunette arrière!

Au total, pour obtenir les titres de propriété et la nouvelle immatriculation au nom de Natasha il aura fallu presque la semaine en démarches variées... Qui a dit que l'administration française était lente ???

Préparation technique du rapatriement

Le 14 juillet, c'est au tour du Tchouk d'arriver à Moscou.
Tous les papiers sont en règle, il reste à préparer la voiture sur le plan technique.

Avant son décès, le père de Natasha avait déjà commencé à préparer la voiture en vue de son grand voyage vers la France. Les freins avaient été refaits, de même que le changement des silentblocs du moteur et une révision approfondie du moteur, ainsi qu'une nouvelle ligne d'échappement. La peinture a également été refaite, même si le vert choisi est légèrement plus clair que celui d'origine.

Néanmoins tout n'était pas fini lors de son décès et lui seul savait tout ce qui avait été fait ou restait à faire. De plus la voiture n'a pas roulé depuis près de deux ans. Des vérifications approfondies s'imposent donc.

Le Tchouk va inspecter la voiture sous toutes ses coutures. Les durites sont toutes changées systématiquement. Des pièces neuves sont achetées préventivement. L'échappement, neuf, fait un épouvantable bruit de casseroles : il a été mal monté. L'embrayage a une course anormalement longue : le cylindre émetteur va être changé. Pourtant malgré les soins apportés par les mécaniciens locaux, son fonctionnement va poser problème car le ré-embrayage s'effectue TRES lentement! A chaque arrêt durant tout le voyage, la voiture mettra un temps incroyable pour redémarrer... au grand désespoir de ceux qui suivent!

Un pneu présente une fissure importante sur son flanc mais plusieurs roues de rechange sont dans le garage...

En plus des pièces achetées par le Tchouk il faut dire que le Papa de Natasha avait également constitué un bon stock de pièces. La voiture est donc chargée d'une quantité impressionnante de pièces dans le coffre et sur le toit, ce qui lui donnera un petit air écrasé de l'arrière...

Au final, tout semble prêt et le départ est fixé au mardi 18 juillet à 6h du matin. Mais en rentrant la voiture dans son garage, lundi soir, le Tchouk s'aperçoit qu'en allumant les phares, seuls les plein phares s'allument...

Il faut donc choisir : partir comme ça en ne roulant que le jour et réparer en route ou retarder le départ... La première solution est choisie !

Mardi 18 juillet, le départ : Moscou-Minsk, 800 km

Jusqu'à la frontière polonaise, le voyage s'effectuera avec quatre personnes à bord : Natasha, sa sœur, leur Maman et le Tchouk. Le départ de Moscou s'effectue avec un peu de retard et nous ne quittons la maison de famille que vers 7h30, à l'heure de pointe! Les embouteillages du périphérique moscovite sont géants et avec cette commande d'embrayage paresseuse... Que du bonheur!

Après près de deux heures, nous avons quitté Moscou et ses environs. La route est belle et file droit vers l'Ouest. Pendant des centaines de kilomètres, c'est une large route à quatre voies avec un trafic relativement faible et un revêtement impeccable. Le rêve!

Natasha et le Tchouk se relaient au volant. Régulièrement des arrêts de contrôle ont lieu mais tout va bien : la voiture roule bien et le chargement sur le toit ne bouge pas.

La frontière entre la Russie et la Biélorussie est rapidement passée et nous filons droit vers la capitale Minsk, au centre du pays. Il faut se rendre à l'évidence : la moyenne est plus faible que prévue et nous ne pourrons pas rejoindre Brest comme prévu avant la tombée de la nuit (n'oubliez pas qu'il n'y a que les pleins phares!). Nous décidons donc de nous arrêter pour la nuit à Minsk, chez Ira, une cousine de Natasha, ravie de nous accueillir. La soirée est festive comme il se doit ici... En vue de la route qui nous attend il faut rester sobre mais c'est presque impossible!!!

Cette première étape est rassurante pour la suite car tout s'est très bien passé. Demain, nous avons prévu de rejoindre Brest, à la frontière polonaise, où Natasha a également de la famille. L'étape étant courte, nous aurons le temps de voir un électricien auto pour les phares.

Mercredi 19 juillet : Minsk-Brest, 350 km

La deuxième étape est courte et parcourue dans la matinée sous un soleil radieux. La route est splendide. Comme en Russie, c'est une belle quatre voies peu fréquentée, traversant des paysages champêtres alternant l'avoine ou le blé à perte de vue, les lacs et les forêts de bouleau dans un premier temps, puis de pin. Bien que chargée, la voiture roule parfaitement. C'est un vrai plaisir.

Arrivés à Brest, Natasha va à la campagne dans la maison de famille tandis que le Tchouk emmène la voiture chez l'électricien. Le problème des phares était assez simple : d'une part certains fils étaient inversés, rendant l'usage des lanternes impossible. D'autre part il existe un inverseur codes/phares bien caché au plancher... Le Tchouk ignorait tout de cette commande au pied mais ça a été l'occasion d'une bonne rigolade avec l'électricien...

La voiture est ensuite remisée dans un garage pour la nuit, tandis que le Tchouk rejoint la maison familiale.

Jeudi 20 juillet : Brest-Prague, 1050 km d'horreur!

1°) La frontière

La troisième étape sera de loin la plus pénible de toutes...

On nous avait prévenu, le passage de la frontière est terrible... En fait, c'est pire que ça!

Les cousins biélorusses nous avaient signalé que vers 8h du matin c'est la relève et tout est bloqué pendant plus d'une heure. Il faut donc essayer de passer avant. Le réveil est réglé à 4h du matin et après le petit déjeuner et les adieux nous arrivons aux abords de la frontière vers 5h30. Nous sommes à six dans la voiture car deux cousines sont venues avec nous jusqu'à la frontière. La suite montrera qu'elles nous seront très utiles!

 En arrivant, tout ce que l'on voit c'est une longue queue !

Nous décidons de doubler cette queue pour aller au poste d'essence qui est un peu plus loin. Pendant que le Tchouk fait le plein (le dernier à 0,45€ le litre!), la famille va aux renseignements... Après diverses palabres, un policier nous fait passer par un passage dérobé derrière un premier poste de contrôle (en fait un poste de régulation du trafic). Ils sont tellement amusés que l'on veuille emmener une vieille voiture russe en France qu'ils nous font passer en rigolant devant pas mal de monde... Nous avons déjà gagné plusieurs heures mais il ne faut pas crier victoire...

Les palabres reprennent et une cousine arrive à négocier avec un autre automobiliste de se mettre dans la queue devant lui... moyennant un petit billet (c'est semble t-il l'usage ici). En discutant avec cet automobiliste, nous apprenons qu'il est là depuis déjà 12 heures... Nous ne sommes plus qu'à une dizaine de voitures du premier poste de contrôle... mais l'heure tourne et alors qu'il n'y a plus que trois voitures devant nous, tout se fige...: il est 7h30, c'est la relève, il faut attendre.

Nous restons ainsi 1h30 avant de bouger. Après de nouvelles discussions animées (!), nous passons enfin ce premier filtre avant d'arriver dans un merd... monstre! Des files de voitures dans tous les sens, à l'arrêt total sur des centaines de mètres avant le véritable poste de frontière biélorusse...

Alors que les membres de la famille nous ont déjà quittés, Natasha va se renseigner pour voir avec les douaniers quel est le meilleur moyen de passer à peu près rapidement. A l'air un peu embarrassé du douanier, elle comprend qu'il doit y avoir moyen, mais il faut... une contrepartie...

La contrepartie est simplement un billet plié discrètement dans le passeport... Pour cela, il existe une file "rapide"... Ils sont très organisés malgré cette apparente pagaille!

En moins d'une heure, nous arrivons au véritable poste frontière. Le billet glissé dans le passeport semble satisfaire le douanier qui envoie un message codé à ses collègues pour leur signifier que "ceux-là sont en règle".

Les plaques de transit russes posent tout de même quelques problèmes aux douaniers qui sont habitués à voir passer les voitures en transit dans l'autre sens, vers la Russie! Après de nouvelles palabres (et un nouveau billet) tout est bon pour eux mais ils nous mettent en garde que les plaques de transit collées sur les vitres vont nous poser des problèmes en Pologne...

Nous décidons donc, sur le conseil des douaniers biélorusses de refixer les plaques d'origine que nous avons, comme par hasard, retrouvées entre temps au fond du coffre... Nous avons bien fait de les garder celles-là! Mais un douanier polonais nous voit changer les plaques et ça n'a pas du tout l'air de lui plaire... Il flaire une embrouille et nous annonce qu'il ne nous laissera pas passer!

Re palabres interminables mais cette fois-ci avec des polonais. Finalement le chef donne son accord et nous voici partis en terre polonaise... mais pas pour longtemps. Immédiatement la route devient très étroite et franchit un pont métallique au dessus de la rivière Bug : la véritable frontière géographique. On imagine tout à fait, dans les années de guerre froide, à l'aube, dans le brouillard et la lumière blafarde des projecteurs, un échange d'espions sur ce pont...

Bref, pour nous pas de guerre froide mais un nouveau poste juste après le pont. En fait, du fait de l'étroitesse de la route et de l'impossibilité de faire demi-tour, les polonais font un pré contrôle du côté biélorusse mais le véritable poste frontière est plus loin... Un douanier nous arrête car nous avons les plaques d'origine en plus des plaques de transit. Il commence à nous chercher des poux! Il prétend ensuite qu'il faut payer des droits de douane pour la voiture. Devant nos explications sur le fait que la voiture n'a pas de droits à payer, il se rabat sur le fait que nous avons des pièces détachées et donc de la marchandise qui doit être soumise à TVA... En gros, il veut son billet! Mais, comme il est beaucoup moins sympa que les biélorusses, nous ne jouons pas le jeu et donnons les arguments justifiant notre bon droit...

Déçu le douanier remet alors en cause les papiers d'assurance établis en France. Le problème est que l'assurance a été prise juste avant le départ et l'original n'était pas encore arrivé par la poste. Nous n'avons donc qu'un fax transmis par le courtier. Voyant que le douanier ne nous lâchera pas, nous achetons au guichet d'à côté (comme par hasard, drôlement bien organisés ces polonais!) une assurance valable 30 jours...

Quelques billets plus tard et après avoir définitivement retiré les plaques russes de transit qui ne nous amènent que des ennuis, nous reprenons la route. Nous avons mis 6 heures pour passer la frontière mais si nous avions fait la queue bêtement, il nous aurait fallu plus de 24 heures...

Au passage les pièces fixées sur le toit rentrent dans l'habitacle, sur la banquette arrière désormais inoccupée.

Nous voici maintenant sur les routes polonaises...

2°) La Pologne

...et là, tout change! Adieu les larges routes à quatre voies. Les grands axes sont ici de la taille d'une bonne départementale française... mais en bien moins bon état! Nous ne tardons pas à rencontrer le panneau de signalisation le plus répandu en Pologne: celui qui annonce des ornières. En fait les ornières ne vont pas nous quitter de toute la traversée du pays et la Volga ne les aime pas du tout!!!

Au retour, un ami polonais nous a précisé que là-bas ils appellent les ornières le GPS polonais car une fois dedans, on ne quitte plus son chemin... Ca peut également aider quand on est bourré...

Très vite, nous découvrons également les habitudes de conduite locales. Pour doubler, il suffit de s'engager! Celui qui arrive en face se rabat sur le bas côté, tandis que celui qui se fait doubler doit en faire autant... Camions ou voitures, ça ne change rien.

Quand on n'est pas prévenu et que la tenue de route empêche la voiture de quitter les ornières, ce n'est pas facile et les sueurs froides sont garanties.

Si l'on ajoute que les polonais roulent comme des tambours, que le trafic est intense sur des routes abominables et qu'il y a plus de poids lourds (des très gros!) que de voitures...

Et comme si cela ne suffisait pas, nos amis polonais ne rateront aucune occasion de nous insulter copieusement, probablement du fait de nos plaques russes... Le Polonais n'aiment pas les Russes!

Bref, vous aurez compris que la traversée de la Pologne aura été un vrai délice!!!

Peu après être rentrés en Pologne, nous décidons que notre objectif est maintenant de la quitter le plus rapidement possible. Au lieu d'aller sur Varsovie comme initialement prévu, nous piquons vers le sud, en direction de Lublin et Cracovie. Nous nous imaginons naïvement que l'état des routes s'améliorerait à mesure que nous approchons des autres pays de l'Union Européenne mais il n'en est rien... Les routes sont absolument déplorables partout.

En plus il y a des zones de travaux avec circulation alternée sur des dizaines de kilomètres... La moyenne est en chute libre!

Finalement nous arrivons à la frontière tchèque à plus de 23h, après seulement 600km parcourus en 18 heures...

3°) Les routes tchèques

Voyant la voiture et nos plaques, le douanier tchèque nous arrête mais est très surpris de voir nos passeports français... Il nous laisse donc passer sans aucune difficulté.

Le reste de la route vers Prague s'effectue sans difficulté ; il faut juste lutter contre le sommeil : nous avons retrouvé de bonnes routes avec des conducteurs civilisés. L'arrivée à Prague à 4h du matin est un soulagement. Nous sommes épuisés mais la Volga se comporte bien. Juste cette fichue commande d'embrayage...

Arrivée à l'hôtel, la voiture est remisée au parking, tandis que nous allons pouvoir faire deux belle journées de tourisme dans cette ville magnifique... après un bon repos!

L'entrée du parking de notre hôtel invite l'amateur d'automobile ancienne puisqu'une fresque rappelle le périple effectué par deux aventuriers tchèques autour du monde à bord d'une Skoda Rapid en 1936...

Prague est vraiment une ville extraordinaire. Malgré les innombrables touristes, tout n'y est que douceur et qualité de vie. 

C'est même un petit paradis pour les amateurs d'automobiles anciennes puisqu'au lieu des traditionnels autobus à impériale ou calèches à cheval, les balades pour touristes sont assurées en cabriolets Skoda, Praga ou Tatra, principalement d'avant guerre et parfaitement restaurés.


Dans Prague, nous verrons même un taxi Volga, vestige d'une époque heureusement révolue où les Russes n'étaient pas les bienvenus suite à un certain printemps qui s'est mal fini...

Depuis les choses ont bien changé : les Russes sont accueillis à bras ouverts et Natasha parlera plus en russe qu'en anglais. Les tchèques donnent l'image d'un peuple cultivé et accueillant. La musique et la culture sont omniprésents.

Le Tchouk y reviendra!

Dimanche 23 juillet : Prague-Karlsruhe, 550 km

Après deux jours de repos bien mérités, équipage et voiture sont en pleine forme. Cap à l'ouest, vers l'Allemagne. La frontière est atteinte sans problème après 160km puis ce sont les autoroutes allemandes.

Comme chacun sait, là-bas ça roule vite, mais le train de sénateur de la Volga ne pose pas trop de problème dans le flot. Malgré tout, sur certains tronçons à 2x2 voies les poids lourds n'ont pas le droit de doubler. Les camions étrangers doublent tout de même la Volga mais les routiers allemands sont disciplinés : ils ne doublent pas mais collent derrière à moins d'un mètre. Parfois même ils s'énervent et font des appels de phares ou donnent des coups de klaxon pour que l'on roule sur la bande d'arrêt d'urgence: ils poussent les autres à la faute mais ne veulent pas en commettre eux-mêmes... Inutile de dire que le Tchouk ne veut pas rouler sur la bande d'arrêt d'urgence...

Le paysage a bien changé depuis la Russie et la Biélorussie. L'urbanisation est intense et le trafic à la hauteur. La conduite y est tout de même beaucoup plus reposante qu'en Pologne...

C'est vers Nürnberg que nous rencontrons nos premiers collectionneurs, un groupe de trois Opel: une Admiral, une Diplomat et une petite Kadett automatique. Malheureusement le Tchouk n'a pas le temps d'attraper son appareil photo...

Néanmoins en cette fin juillet la température ambiante augmente et la Volga chauffe quand on insiste trop. Le radiateur a probablement été rempli d'eau dans le passé et est certainement un peu entartré. La moyenne est donc faible et nous ne pourrons pas aller jusqu'à Strasbourg dans la journée comme initialement prévu. Nous décidons donc de passer la nuit à Karlsruhe chez une amie à qui nous avions prévu de faire une courte visite.

Après les ornières polonaises, les panneaux de circulation allemands sont beaucoup plus sympathiques. L'écologie est bien présente ici : on est prié de ne pas écraser les grenouilles...

Lundi 24 juillet : Karlsruhe-Santigny (Bourgogne), 550 km

Le départ s'effectue de bonne heure. Nous décidons de prendre l'autoroute du côté allemand du Rhin. C'est une erreur car nous sommes assez rapidement bloqués dans un embouteillage monstrueux! Nous allons mettre trois heures à en sortir car un camion chargé de bouteilles de bière s'est renversé sur la chaussée, la couvrant de débris de verre...

Nous ne passons la frontière française que vers 13h, après seulement 160 km.

C'est la canicule et la voiture chauffe à la moindre côte... Nous décidons donc d'abandonner l'autoroute après Montbéliard pour ne plus prendre que les nationales. Ce sera un bon choix car la voiture s'y comporte beaucoup mieux. Malgré tout la Volga chauffe et les arrêts sont fréquents pour laisser refroidir mécanique et passagers... Il fait plus de 35°C à l'ombre!

La route est longue. Les côtes nous effraient toujours et l'œil se rive alors sur le thermomètre du circuit de refroidissement... Malgré tout quel plaisir car les routes sont bonnes, les automobilistes à peu près courtois et les paysages sont variés et magnifiques.

Que la France est belle !

Nous n'arrivons finalement chez nos amis bourguignons que tard dans la soirée...

Une petite parenthèse à ce sujet : nos amis Olivier et Valérie sont assez atypiques: lui était un brillant consultant pour un grand cabinet de conseil parisien (si-si c'est un ami...) et elle travaillait dans un obscure bureau. Mais un beau jour ils en ont eu marre et ils ont tout plaqué! Ils ont acheté une superbe maison dans un petit village de Bourgogne pour y créer une chambre d'hôtes.

Ils ont effectué un travail de titans pour restaurer cette maison et le résultat est splendide.

Alors pour une fois, le Tchouk va faire de la pub sur son site. C'est à deux pas de la N6, alors si vous passer vers Avallon n'hésitez pas à aller chez eux: l'accueil y est super! Voici leur site pour un petit avant goût: Le Domaine d'Ecuseaux

Dites leurs que vous venez de la part du Tchouk...

Mardi 25/mercredi 26 juillet : Santigny-Toulouse, 750 km

Vu la température ambiante en France en cette fin juillet et la traversée du Massif Central qui se profile, le Tchouk a quelques inquiétudes pour la survie du moteur de la Volga...

Après concertation avec Natasha, il est rapidement décidé de privilégier la conduite de nuit. Nous partons donc de Santigny mardi dans le courant de l'après-midi. L'objectif est d'être en début de soirée au nord de Lyon pour aller rendre visite à la Dynamic, toujours en cure de jouvence.

Pour cela nous suivons la mythique N6 qui dans cette zone arbore encore ses bornes rouges... mais pour peu de temps encore puisque la N6 va devenir départementale (voir l'excellent site La route Paris Côte d'Azur de Thierry Dubois).

Sur la N6 nous croisons deux jolies 203 à quelques dizaines de kilomètres d'intervalle.

Au passage nous marquons un petit arrêt à Saulieu, histoire de baver devant la carte du Relais de feu Bernard Loiseau. Ah, la cuisine française...! Allez, c'est dit, un jour on ira y manger... Il faut bien rêver un peu...

L'un des maîtres d'hôtel de cette noble institution vient à notre rencontre pour discuter un peu, intrigué par cette voiture qu'il ne connaît pas.

Nous effectuons également un petit crochet par le village de Saint Cyr (Saône-et-Loire) où se trouve la maison familiale du côté du Papa du Tchouk (à droite). L'oncle qui y habite n'est pas là, mais c'est l'occasion d'une photo souvenir. Décidément entre les visites à la famille en Biélorussie et les nombreux amis de ci de là, ce voyage est un véritable pèlerinage...

La Volga pétarade un peu et est obligée d'effectuer quelques arrêts refroidissement mais tout va globalement bien... si on n'est pas trop pressé pour embrayer...

Ensuite, à la nuit tombante, nous abordons les premières grimpettes en direction de Saint-Etienne et du Puy-en-Velay. Il est clair que la décision de rouler de nuit était bonne car les côtes y sont terribles, longues et s'enchaînent inlassablement les unes après les autres...

Après Mende, nous nous dirigeons en pleine nuit vers Rodez et Albi sur de belles routes quasiment désertes et... à la fraiche.

Après un peu plus d'une semaine de route, la Volga entre sur la rocade toulousaine mercredi 26 juillet à 9h du matin en affichant tout juste 4000 km au compteur depuis son départ de Moscou. Nous sommes totalement épuisés mais heureux. La Volga s'est magnifiquement comportée, sans aucune panne. Les seuls problèmes rencontrés ont été l'embrayage récalcitrant, un filtre à air détaché suite à un retour au carburateur, la surchauffe chronique et un mauvais réglage d'allumage et de carburation. Il faut dire que tous les réglages ont été effectués en Russie où la voiture n'avalait qu'une essence ayant un indice d'octane de 76. L'Eurosuper 95 nécessite quelques réglages...

Mission accomplie : 4000 km sans panne, 4000 km de bonheur,
6 pays traversés en une semaine et une aventure extraordinaire... que le Tchouk n'est pas prêt de recommencer !