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Bugatti Type 41 "Royale"
 
Ettore Bugatti
n'est pas un homme modeste !
Ses voitures doivent être les meilleures!
Dés lors que la marque Bugatti a conquis ses lettres de noblesse, Ettore réalise son vieux rêve: construire rien moins que la meilleure voiture du monde! Ses références sont alors Hispano-Suiza, Rolls-Royce ou Duesenberg.

La nouvelle merveille s'adresse en premier lieu aux têtes couronnées (d'où son nom). Des premiers contacts encourageants sont pris, en particulier avec le roi d'Espagne. Mais lorsque la voiture sera présentée, les monarchies font face à des crises graves: l'achat de telles voitures n'est plus à l'ordre du jour!

Le roi Alphonse XIII d'Espagne qu'Ettore Bugatti espérait convaincre va finalement préférer une Duesenberg américaine peu avant d'abdiquer...

Au grand regret d'Ettore, le Type 41 ne sera la voiture d'aucun roi. Il sera tout de même construit et vendu à quelques (très) riches et rares clients. Son prix? Environ trois fois celui d'une Rolls-Royce...

Le prototype est impressionnant: 4,57m d'empattement pour une longueur de plus de 6m! Les roues mesurent 1m de diamètre.

Le moteur est un 8 cylindres en ligne à arbre à came en tête et double allumage de près de 15 litres de cylindrée (exactement 14,726 l)!


(Photo: source Lionel Patenostre, ad'hoc productions)

On estime qu'il développe autour de 200 chevaux (300 d'après Ettore...) au régime paisible de... 1700 tours/minute! et propulse la Royale à plus de 200km/h. Un essai réalisé à Monthléry par Jean Bugatti aurait permis d'atteindre 205 km/h, or on estime que l'anneau de Monthléry fait perdre environ 5% en vitesse de pointe...

Ceux qui ont eu le privillège de conduire une Royale sont impressionnés par son couple phénoménal estimé à près de 100mdaN.

La transmission également est surprenante: la première ne sert qu'à démarrer dans de fortes côtes. Le couple est tel qu'en temps normal, le démarrage s'effectue en seconde (prise directe) et qu'il n'y a ensuite plus besoin de changer de vitesse... La troisième ne sert qu'à atteindre des vitesses... imprudentes eut égard aux 3 tonnes de la bête...

Le bouchon de radiateur est à l'image de la voiture: un éléphant. En homage à son frère Rembrandt Bugatti décédé en 1917, Ettore Bugatti a choisi de reproduire l'une de ses sculptures animalières.


(Photo: source Lionel Patenostre, ad'hoc productions)

Bref, la "Royale" est une automobile hors normes.

Bien sur, elle est garantie à vie!

Au final six voitures seront produites, mais seulement trois seront vendues neuves...


Le moteur de cette extraordinaire automobile, issu d'un projet aéronautique, connaîtra une autre vie dans les superbes autorails rapides Bugatti. Cette activité ferroviaire sera d'ailleurs par la suite la meilleure garantie de financement pour les extravagances automobiles d'Ettore Bugatti.


Voici donc l'itinéraire des six Bugatti Royales:

Châssis 41100 ( Prototype)

Châssis 41111 et sa reconstruction

Châssis 41121

Châssis 41131

Châssis 41141

Châssis 41150

Grace au talent graphique de Serge Bellu, voici un aperçu des différentes carrosseries ayant habillé les six châssis Type 41. Cliquez sur celle qui vous intéresse...


Prototype : Châssis 41100, moteur n°3:

Afin d'effectuer des essais routiers, ce premier châssis (1926) sera équipé à la hâte d'une carrosserie de torpédo provenant d'une Packard.

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Bien vite, en 1928, un curieux coupé fiacre dessiné par le patron lui-même va équiper ce châssis.


Cette carrosserie ne satisfaisant pas Ettore, en 1929 il va en dessiner une nouvelle: une berline, également de style hippomobile.


Toujours en 1929, c'est au tour d'une élégante carrosserie coach "souple" suivant un brevet Weyman. Equipée d'une superbe malle de voyage en cuir spécialement créée par Hermès, cette carrosserie plaît énormément à Ettore. D'abord en jaune et noir, elle sera ensuite entièrement noire.

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Mais Ettore s'endort un jour au volant et la voiture est totalement détruite.

Vexé et superstitieux, Ettore fait reconstruire totalement la voiture mais conserve la plaque avec le même numéro de châssis. Le châssis ne fait plus que (!) 4,27m d'empattement , le nouveau moteur est ramené à 12,763 litres de cylindrée (comme toutes les autres Royales). La nouvelle carrosserie coupé chauffeur sera exécutée à l'usine sur un dessin magistral de Jean. Surnommé "Coupé Napoléon", il sera conservé dans la famille Bugatti jusqu'en 1958, jusqu'à de son rachat par Fritz Schlumpf. Elle est maintenantg l'une des pièces maitresses du Musée National de l'Automobile, Collection Schlumpf.

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La voiture du patron était initialement noire (vue ici à gauche avec le chauffeur de la famille Bugatti).
Les frères Schlumpf vont lui donner une livrée bicolore noire et bleue ainsi que certains accessoires non d'origine tels que de curieuses poignées de portes.

 

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Châssis 41111:

La seconde royale sera vendue à un riche magnat de l'habillement: Armand Esders.
Ce sera certainement le plus belle de toutes les Royales. Elle est carrossée en un superbe roadster dont le dessin est dû à Jean Bugatti.

Les couleurs? Deux tons de vert... comme toutes les voitures d'Armand Esders.

Les ailes sont un morceau d'anthologie à elles seules: leur dessin s'étire sur toute la longueur de la voiture (plus de 6m) en double vague, d'un seul trait! Sublime!

Jean pose aux côté de son oeuvre:
certainement la plus belle de toutes les Royales


Ne roulant jamais de nuit, Armand Esders avait demandé que la voiture ne comporte pas de phares. Son chauffeur en demandera tout de même, soigneusement rangés dans un coffre spécialement aménagé...

Une reconstitution en a été réalisée (achevée en 1991) par le Musée National de l'Automobile, Collection Schlumpf. Pour cela, il a été utilisé un moteur d'autorail Bugatti (identique à part un simple allumage) ainsi que l'essentiel des éléments mécaniques provenant des réserves du Musée. Ces pièces étaient à l'origine des pièces de rechange stockées à l'usine Bugatti et rachetées par Fritz Schlumpf.

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(Photos: source Lionel Patenostre, ad'hoc productions)

La reconstitution du roadster d'Armand Esders.

(Photo: source Lionel Patenostre, ad'hoc productions)

Malheureusement cette splendide carrosserie sera remplacée par un (maladroit) coupé chauffeur, dû au carrossier parisien Binder. Sous cette carrosserie, la voiture était destinée au roi de Roumanie et était blindée (poids: 4,5t) mais celui-ci ne la prendra pas.

C'est finalement le ministre Raymond Patenôtre qui en deviendra propriétaire. Son petit fils Lionel Patenostre précise qu'il l'utilisera de 1935 à 1941 et se rendra régulièrement au palais de l'Elysée à son bord.


Binder s'est inspiré du coupé Napoléon sans en égaler la grâce

Après plusieurs année aux USA, elle est aujourd'hui propriété de Volkswagen, également propriétaire du nom Bugatti.

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Châssis 41121:

Vendue à un client allemand, le Docteur Fuch, la Type 41 n°41121 est envoyée en mai 1932 chez le carrossier munichois Weinberger. Il recevra une lourde carrosserie cabriolet.

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Originellement noir, il est à l'heure actuelle ivoire.

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Châssis 41131:

Voici la troisième Royale vendue. Son acheteur est le capitaine Cuthbert Foster, un officier de réserve britannique qui a fait fortune en vendant de la soupe en boîte.

Elle reçois une élégante carrosserie limousine chez Park Ward, à Londres. Cette voiture est très équilibrée et possède une distinction toute britannique dans sa sobre livrée noire.

Propriété de J. Shakespeare dans les années 50, un collectionneur américain de Bugatti, elle est vendue en même temps qu'un lot de... 30 Bugatti (!) à Fritz Schlumpf. Elle est aujourd'hui exposée au Musée National de l'Automobile, Collection Schlumpf de Mulhouse.


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Châssis 41141:

Kellner, à Paris, va donner une très élégante carrosserie coach à ce châssis qui sera exposé au salon de Londres de 1932.


Son prix est si élevé que la voiture ne trouvera pas acheteur et va rester dans la famille Bugatti.

Ce n'est que vers 1950 qu'elle part vers les USA. La légende veut que Briggs Cunningham ait payé la voiture avec deux réfrigérateurs, alors introuvables en France!!!

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Châssis 41150:

Affublée d'une curieuse carrosserie de fiacre à quatre porte, la Type 41 n°41150 est très représentative du style qu'affectionnait Ettore Bugatti. Cette ultime Royale restera de longues années propriété de la famille Bugatti avant de partir vers les USA en même temps que le coach Kellner.

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Originellement jaune et noire, elle sera repeinte en ivoire dans les années 50 avant de retrouver sa livrée d'origine.

Caractéristiques techniques du Type 41:

Nombre de cylindres

8

Alésage x course

125 x 130 mm

Cylindrée

12763 cc (14726 cc pour le prototype)

Rapport volumétrique

6,5

Nombre de paliers

9

Soupapes

3 par cylindre

Distribution

1 ACT

Puissance estimée

Entre 200 et 300 cv à 1700 tr/min

Régime maxi

3000 tr/min

Couple maxi estimé

Entre 70 et 100 mdaN

Puissance administrative

73 CV

Empattement

4,27 m (4,57 m pour le prototype)

Masse

Entre 3 et 4,5 tonnes selon les modèles

Vitesse maximale

Plus de 200 km/h

Consommation

40 à 50 l/100km


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