Note: Les noms des personnes contactées ont été masqués. Seul le nom de Mademoiselle Ehrhart a été conservé: en effet, mademoiselle Ehrhart est décédée sans laisser de descendants.
Immatriculation |
Date d'achat |
Propriétaire |
Adresse |
9594-PG (1) |
Juin 1939 |
Charles Claudius G. V |
LYON 3° (69) |
9594-PG
puis |
7 juillet 1949 |
Julien / Pierre C. |
LYON 3° (69) |
31 BW 21 (3) |
3 mars 1955 |
Léonie EHRHART V |
DIJON (21) |
9288 BZ 69 (3) |
25 mars 1964 |
Emmanuel D. |
CHARBONNIERES (69) |
3670 QH 73 (4) |
1977 / 78 |
René V. |
SAINT ALBAN DE MONTBEL (73) |
201 AJV 31 (5) |
17 juin 2000 |
Le Tchouk |
TOULOUSE (31) |
(1) : Le 9594-PG a été délivrée le 30 juin 1939 (source : Archives Départementales du Rhône).
(2) : Le 8614 AD 69 a été délivré le 31 juillet 1953, lors de la réimmatriculation obligatoire associée au changement de système d'immatriculation (source : Archives Départementales du Rhône).
(3) : Les dates de délivrance du 31 BW 21 et du 9288 BZ 69 ont été fournies par Emmanuel D.
(4) : Le 3670 QH 73 a été délivrée le 22/02/80.
(5) : Le 201 AJV 31 a été délivrée le 18/08/2000.
Etablissement de
l'historique de la Panhard & Levassor Dynamic X81
n°222857
La voiture a été mise en vente par René V. dans La Vie de l'Auto en 2000. Le kilométrage affiché était alors d'environ 13900 km et le moteur tournait. La carrosserie ne présentait pas de rouille et la peinture était ternie mais belle avec juste quelques accrocs. La sellerie d'origine en velours était sous des housses anciennes en Skaï beige clair. Seule une déchirure de la sellerie et de la housse était visible au niveau de l'assise conducteur. Le volant d'origine était remplacé par un volant accessoire Quillery rouge très bien assorti à la voiture. Les glaces de la séparation chauffeur ne coulissaient pas.
Les registres des "mains courantes" (archives des usines Panhard & Levassor conservées au musée de Mulhouse) des toutes dernières Dynamic (dont la N°222857) ne peuvent être consultés car ils ont été détruits. D'autre part, avec l'aide du club Les Doyennes de Panhard & Levassor et de la FFVE (voir les liens), des recherches ont été entreprises auprès des services de préfectures mais sans succès.
Lors de l'achat, Monsieur V. se souvenait qu'il avait acheté la voiture à Monsieur D. Il ne se rappelait ni de l'adresse de ce dernier, ni de la date d'achat. Il se souvenait avoir fait immatriculer la voiture à son nom longtemps après l'achat.
Après en avoir discuté avec la présidente du club Les Doyennes de Panhard & Levassor, celle-ci m'informe qu'elle connaît Monsieur D. mais ignorait qu'il ait possédé une X81. En effet, Monsieur D. ne lui avait parlé (en 1994) que d'une X76 (Note : Une autre Dynamic, d'un modèle plus ancien). Elle me fournit ses coordonnées de l'époque.
J'envoie un courrier à l'adresse indiquée. Monsieur D. n'a pas changé d'adresse et me fourni en retour un courrier comportant de nombreuses notes qu'il avait prises lorsqu'il possédait la voiture. En particulier, il me donne des précisions sur la précédente propriétaire, mademoiselle Ehrhart. Il me met également sur la piste de Monsieur C. (Fabrique de chaussures à Lyon).
En parallèle, une plaque de laiton fixée au tableau de bord indique : François T., 7, place Saint Bernard - DIJON. Des recherches me mettent en contact avec Madame T., la fille de Monsieur T., âgée de 80 ans et proche amie de Mademoiselle Ehrhart.
A partir des notes de Monsieur D., j'apprends que la fameuse fabrique de chaussures existe toujours à Lyon. Je les contacte par téléphone et une secrétaire me donne les coordonnées de l'actuel PDG de l'entreprise qui me met lui-même en relation avec son prédécesseur, Pierre C. Contacté par téléphone, celui-ci me confirme avoir possédé la voiture.
Monsieur C. croit se souvenir du nom de monsieur G., industriel à Lyon, comme étant le premier propriétaire.
En effectuant des recherches par Minitel, je commence à téléphoner à tous les G. référencés à Lyon !
Après une vingtaine d'appels dont une fausse piste (la fille d'un homme ayant possédé plusieurs Bugatti), l'un de mes correspondants me met en relation avec l'un de ses proches, ce dernier, Régis G., pense initialement que c'est la voiture de son oncle, cédée ensuite à son père. Par la suite, il révise ses propos : en fait la voiture a été achetée neuve par son grand-père.
Frédéric S., un internaute lecteur de la Page du Tchouk, m'a fait savoir que les archives départementales du Rhône posséderaient encore le registre concernant l'immatriculation 9594 PG. Après contact, le service des archives départementales du Rhône me fournit copie du registre. Ce document confirme que le premier propriétaire était Charles G. Le 9594 PG a été délivré le 30 juin 1939. Il confirme également que la voiture a été réimmatriculée le 7 juin 1949 (avec le même numéro) au nom de Julien C. (probablement le père de Pierre C.), négociant à Lyon. La voiture a ensuite été immatriculée dans le nouveau système d'immatriculation le 31 juillet 1953, sans changement de propriétaire.
Si les mains courantes des usines Panhard & Levassor concernant les Dynamic ont été détruites, les "fiches de débits" ont été retrouvées fin 2005 et analysées par Bernard Vermeylen. Ces fiches de débits donnent certaines informations et confirment la livraison le 10 juillet 1939 (soit près de deux semaines après l'établissement de la carte grise) au garage Goudard, à Lyon, au nom de Monsieur G. Ceci confirme que Monsieur G. a bien été le premier propriétaire de la voiture.
D'autre part les fiches de débit indiquent les spécifications de la voiture: séparation à glaces coulissantes, banquette AV formant cale-pied à l’AR, accoudoir central large rabattable dans dossier banquette AR, 2 poignées montoires, 2 déflectos mobiles AV, 2 pare-soleil, 2 cendriers côté D à l’AV et l’AR, stylisés avec décor intérieur, rideaux glaces AR, peinture "Rouge d'Amérique" Lévy-Finger 1932, décor or partout (note: le "décor or partout" signifie des filets sur les joues d'ailes et sur les roues de couleur or), drap uni beige rosé. Il est à noter que la 222857 est la seule Dynamic ayant reçu cette couleur Rouge d'Amérique.
Dans ce qui suit, vous trouverez les souvenirs des différents
propriétaires ou de leurs descendants. Ces souvenirs sont
bruts et peuvent donc présenter des incohérences entre
eux. Celles-ci ont été volontairement
conservées.
Souvenirs de
Régis G., petit fils de Charles Claudius G.
La voiture a très probablement été achetée neuve par le grand-père de Régis G., Charles Claudius G., né en 1865 et qui dirigeait une soierie à Lyon 6°. Son fils Jean Charles (décédé) puis Régis ont ensuite dirigé l'entreprise.
Initialement, la voiture était conduite par Marcel, le chauffeur de Charles Claudius G., ce qui explique la coûteuse option de glace de séparation. Celle-ci avait fortement impressionné Régis G., alors enfant.
Charles Claudius G. prêtait occasionnellement sa voiture à son fils Jean Charles G. (père de Régis) ainsi qu'au Professeur Paul B. (oncle de Régis G.) qui dirigeait un sanatorium à Villard-de-Lans (Isère).
Une des sœurs de Régis G., née en 1928, a des souvenirs précis de la voiture vers 1941/42.
En outre, Régis G. a retrouvé un "Passavant Descriptif" associé à la voiture.
Le Passavent Descriptif était un document délivré par l'administration des douanes. Il permettait de sortir du territoire français (et y revenir) sans devoir acquitter de taxe d'importation.
Ce document daté du 22 août 1947 prouve que la voiture était toujours dans la famille G. à cette date. Il confirma également le numéro de série de la voiture et donne l'immatriculation dans l'ancien système d'avant 1950.
Régis G. se souvient que la voiture était grenat. Elle aurait été réquisitionnée par les Allemands pendant l'occupation puis restituée.
Il lui semble que la voiture a été vendue après le décès de Charles Claudius G., survenu en février 1949. Cette date de 1949 est confirmée par les archives départementales du Rhône.
Souvenirs de Pierre C.
Pierre C. pense avoir acheté la voiture vers 1946 (date démentie par le Passavant Descriptif mentionné ci-dessus et daté d'août 1947) et en avoir été le second propriétaire. Dans un premier temps, il ne se souvient pas précisément quel était le nom du vendeur puis pense qu'il s'agissait peut-être d'un certain Monsieur G., industriel à Lyon.
La voiture était rouge grenat d'origine. Pierre C. se souvient que la voiture avait de bonnes reprises, freinait bien, avait une bonne tenue de route et était confortable. La voiture possédait un système de roue libre qu'il jugeait très dangereux : il ne l'utilisait jamais et roulait toujours en "roue serve". La direction était douce "sans trop".
Pierre C. précise qu'il n'a jamais rencontré de panne grave avec la voiture tout en soulignant que c'était une "grande dame" qui demandait certains égards.
Il croit avoir vendu la voiture vers 1957 ou 1959 (date démentie par l'immatriculation à Dijon en 1955) à un professionnel. Il ne connaît donc pas le propriétaire suivant. Il a ensuite acheté une Citroën 15CV.
Note: L'obligation de réimmatriculation dans le nouveau système d'immatriculation d'après 1950 s'est prolongé jusqu'en 1953 pour les voitures en circulation et en l'absence de transaction. La voiture n'a été réimmatriculée 8614 AD 69 que le 31 juillet 1953, soit peu avant la date limite autorisée. Monsieur C. n'a donc pas vendu la voiture avant l'été 1953 et l'a probablement faite réimmatriculer en la conservant quelques temps encore. Les archives du Rhône certifient que Monsieur C. a été le dernier propriétaire dans le Rhône. L'immatriculation 31 BW 21 date du 3 mars 1955 et doit correspondre à l'achat par monsieur T. et mademoiselle Ehrhart. Les dates étant assez proches (un an et demi), on peut supposer qu'il n'y a pas eu de propriétaire entre la réimmatriculation à Lyon, en 1953, et l'immatriculation à Dijon, en 1955.
Souvenirs de Madame T., fille de
François T. et amie de Léonie Ehrhart
Comme précisé précédemment, une plaque de laiton fixée au tableau de bord porte le nom de François T.
François T. a d'abord été banquier, puis a tenu avec sa femme un hôtel de luxe à Nîmes qui a fermé à la suite de la crise économique du début des années 30. Il a ensuite fait construire le Garage Notre-Dame, rue Notre-Dame à Nîmes. Il était agent Panhard & Levassor, Lorraine-Dietrich et Schneider depuis le tout début des années trente et jusque vers 1934 ou 1935. Il a ensuite travaillé comme assureur à Montpellier, pour les AGF, puis à Dijon. Il est décédé.
François T. appréciait beaucoup les Panhard : sa fille se souvient très bien d'une 20CV ainsi que d'une Panoramic achetée à Montpellier en 1939.
Madame T. était très amie avec Léonie Ehrhart qui était une forte personnalité : elles étaient associées et tenaient une pharmacie. Léonie Ehrhart était un personnage très attachant, l'une des premières femmes à obtenir le permis de conduire. Elle a également été pilote d'avion : l'aviation et le pilotage étaient sa passion. Léonie Ehrhart était d'origine alsacienne et n'avait à priori aucun lien de parenté avec la grande aviatrice américaine Amelia Earhart, disparue en 1937 dans le Pacifique lors d'une tentative de tour du monde (voir plusieurs sites sur les aventures extraordinaires de cette femme dans les liens).
C'est très probablement François T. qui a fait acheter la Dynamic X81 à Léonie Ehrhart : celle-ci avait une confiance totale en lui.
Madame T. se souvient d'un voyage vers Genève à l'arrière de la voiture : il a fallu l'interrompre car la souplesse des suspensions la rendait malade.
Léonie Ehrhart a vendu la voiture car elle était gravement malade et ne pouvait plus conduire. Elle est morte sans famille.
Madame T. a des souvenirs précis et ne pense pas que la voiture ait réellement été la propriété de son père : elle pense que François T. a servi d'intermédiaire à Léonie Ehrhart, l'amie de la famille ; celle-ci préférait que la voiture reste au nom d'un homme car cela faisait "plus sérieux".
Souvenirs d'Emmanuel D.
Emmanuel D. a acheté la voiture à Mademoiselle Ehrhart, pharmacienne, 2, rue des godrans à Dijon. Une "toute petite Dame" qui avait eu ses heures de gloire pendant la "guerre de 14" comme pilote d'avion. Une "très pittoresque personne", très dynamique et attachante.
Lors de l'achat, en 1964, la carte grise était au nom de François T. et datait du 3 mars 1955. La voiture avait alors 12700km au compteur.
Emmanuel D. avait rencontré Monsieur T. qui était un monsieur âgé très gentil : il se souvient avoir vu plusieurs Panhard Sans Soupapes chez Monsieur T., dans l'Isère, dont des Panoramiques.
La Dynamic X81 était alors en dépôt chez Panhard, avenue Félix-Faure à Lyon, chez qui Mademoiselle Ehrhart avait acheté une PL17 Tigre neuve.
Emmanuel D. pense que, avant guerre, la Dynamic X81 avait dû appartenir à Monsieur C. (Fabrique de chaussures à Lyon) qui a ensuite tenu un garage Jaguar à Lyon.
Emmanuel D. a possédé plusieurs Dynamic dont une X77 bleue achetée peu après la X81. Son père a également possédé une X76 qui avait été équipée d'un gazogène Panhard sur remorque en 1940 avant d'être remise à l'essence en 1945. Le gazogène a ensuite été ferraillé (voir les énergies de crise).
A l'achat, en mars 1964, la voiture était déjà équipée d'un volant accessoire Quillery rouge ainsi que de housses en Skaï beige clair qui sont toujours en place.
La Dynamic X81 a été repeinte en rouge grenat en 1963. Le moteur a été refait au Garage du Musée, rue du Musée à Lyon (date inconnue).
Vers novembre 1968, les enjoliveurs de roues ont été échangés avec ceux de la Dynamic X77 bleue revendue par la suite.
En avril 1970, la voiture a participé à une exposition de voitures anciennes organisée à Grenoble (250km environ) : marche impeccable mais léger bruit métallique dans le moteur. Moteur bloqué en 1971 après une sortie (150km environ) des AAA en Beaujolais (Col du Truge).
Repose des glaces de la séparation chauffeur en février 1975 : les glaces ne coulissent pas. Changement de l'enjoliveur de cache roue de secours en 1975.
La voiture est emmenée en juin 1976 en remorque au garage National, 153 rue Nationale à Villefranche (69), pour une réfection moteur : un piston, 2 chemises et une biellette endommagées. C'est là que le compartiment moteur a été repeint en vert. Ramenée à Charbonnières en mai 1977 : marche excellente.
Emmanuel D. effectuait un lustrage de carrosserie deux fois par an.
Il a revendu la voiture à Monsieur A., le 20 novembre 1977. Ce dernier l'a rapidement revendue à Monsieur V. Emmanuel D. pense que Monsieur A. était un professionnel même s'il ne le disait pas : c'est pourquoi il ne figure pas dans la liste des propriétaires.
Le hasard fait que le père d'Emmanuel D., décédé en 1988, était très ami avec Jean G. Ils étaient tous deux nés en 1900.
Souvenirs de René V.
René V. a acheté la voiture à Monsieur D. par l'intermédiaire de Monsieur A., un vendeur professionnel.
La carte grise n'a été mise au nom de René V. que le 22 février 1980 mais l'achat remonte à 1977 ou 1978.
Il a acheté cette Dynamic qui lui rappelait les souvenirs d'une autre Dynamic qu'il avait possédée à l'époque de son service militaire.
Il a peu roulé avec la voiture, se contentant de quelques promenades : la voiture marchait très bien.
Elle a longtemps été remisée mais était mise en route régulièrement. Pour éviter tout grippage et après chaque mise en route, le moteur était "noyé" avec de l'huile versée directement dans les carburateur jusqu'à l'arrêt du moteur.